Les endroits où nous nous trouvons influencent-ils la manière dont nous nous sentons ? Ceci n’est pas la question de la section bien-être d’un magazine. Ce n’est qu’une question que je me pose mais que peut-être, je ne devrais pas me poser. Car dès que je sors de ma voiture dans le parking de l’entreprise pour laquelle je travaille et que j’aperçois l’annexe de l’entrepôt où se trouve mon espace de travail, je me dis que cet endroit n’est pas un vrai bureau. Ainsi, parfois à peine ai-je déposé mes affaires que je risque déjà d’être irrité par un air-co bruyant utilisé pour suppléer le chauffage défaillant. Une fois installé, il ne faudra pas longtemps pour que la voix très haute et cassée d’une collègue derrière moi m’irrite plus encore sans compter celle assise à côté d’elle à la voix de canard et les autres qui comme ces dernières répètent sans cesse les mêmes mots. Je pourrai alors lever les yeux au ciel mais je suis à l’intérieur et un plafond bas et défraichi me rappellera que je ne suis pas ici pour rêvasser. Je peux certes encore emprunter un couloir pour rejoindre la cuisine mais ce couloir est si étroit qu’il faudra que je laisse le passage si je croise quelqu’un qui s’y trouve avant moi. Arrivé dans la cuisine, je pourrai alors me préparer un café et y trouver comme c’est réglementaire, un évier, un frigo, un micro-onde et même un lave-vaisselle mais cette cuisine est si sombre et si petite qu’une conversation avec un collègue est à peine possible et si un troisième arrive, tout le monde s’y sentira tout de suite à l’étroit et ne pensera alors qu’à rejoindre les toilettes ou son bureau. En retournant à ma place, la laideur de petites armoires brunâtres à tiroirs avec leurs bandes adhésives à moitié décollées indiquant quelques noms de personnes ou de pays me frappera toujours. Autour de l’espace ouvert se trouvent quelques petits locaux pour les managers mais très peu pour les réunions. Alors, si mes collègues ou moi-même sont en réunion, nous la tiendrons en restant à notre bureau. Quant à la cantine que tout employeur se doit aussi de pourvoir, il n’y en pas dans mon service, mes collègues déjeunent tout en restant encore à leur place. Le plafond est bas, je l’ai dit mais en commençant ce travail, j’avais pensé prendre comme résolution d’améliorer mon maintien. J’ai tout de suite eu un souci car à chaque fois que je passe la porte menant à la cuisine, j’ai un peu peur de toucher le mécanisme d’ouverture au-dessous du chambranle même si en fait, je ne le touche pas. Je me rends dans cet endroit tous les jours car lors de l’entretien d’embauche la personne qui allait devenir mon manager a dit que c’était bon pour la santé mentale de travailler au bureau plutôt qu’à domicile. Non, peut-être, je ne devrais pas me poser la question de savoir si les espaces qui nous entourent affectent notre bien-être.